Les « ateliers mantras », une activité au service de l’éveil
À moins de deux mois de la consécration du stoupa qui accueillera une partie des reliques de Kunzig Shamar Rinpoché, on s’active un peu partout pour préparer les substances qui y seront installées. Parmi celles-ci, des milliers de rouleaux de mantras dont la fabrication a pris place sous forme d’ateliers à Dhagpo, à Kundreul Ling, mais aussi dans de nombreux Dhagpo urbains (KTT) (1).
Kunzig Shamar Rinpoché définit le mantra (mot sanskrit) comme une « série de sons ou de syllabes destinée à être récitée, qui incarne la nature de la divinité de méditation » (2). Autant dire qu’il en existe d’innombrables sortes selon que les mantras sont associés à telle ou telle divinité de méditation (yidam, en tibétain) et en fonction du type d’activité de cette dernière (paisible, courroucée, etc.).
Le stoupa contiendra les mantras de diverses divinités, mais aussi certains relatifs aux lamas (3). Les rouleaux sur lesquels sont imprimés ces mantras sont de différentes tailles : de 30 centimètres pour les plus grands à 2 centimètres pour les plus petits (destinés à être enfermés dans des tsa-tsas), complétés par un format intermédiaire de 15 centimètres. Ils seront déposés au cœur de chacun des éléments du stoupa (pour rappel : la base, le niveau médian [les marches], le vase ou bumpa [partie campaniforme] et les treize anneaux supérieurs). Souvenons-nous que les rouleaux comportant les mantras de Dorjé Sempa ou de l’interdépendance seront, quant à eux, disposés partout dans le monument en guise de correction des éventuelles erreurs commises au moment de l’installation des substances !
La fabrication d’un rouleau de mantras requiert dextérité et vigilance au fil de ses différentes étapes. Mais quelles sont-elles ?
Tout d’abord, on imprime les mantras à l’encre rouge sur du papier jaune. Bien sûr, traditionnellement, il n’était pas question d’« imprimer » ; on safranait le papier, ce qui était un gage de préciosité autant que la promesse d’un exercice de patience (car il fallait attendre qu’il sèche !). De nos jours, cette étape peut être évitée grâce à l’impression sur du papier déjà jaune-doré.
Quand les feuilles de mantras sont prêtes, on les colle les unes à la suite des autres et on les enroule, texte vers l’intérieur. C’est un bâton d’encens qui marque le point de départ et donc le centre du rouleau. On prend garde à ce que les feuilles soient très serrées et surtout bien alignées – pour cela, on n’hésite pas à tapoter le haut du rouleau à l’aide d’une planche de bois. Les plus gros rouleaux ont entre 10 et 15 centimètres de diamètre.
Une fois le rouleau formé, il n’est plus lisible et il devient nécessaire de pouvoir différencier le haut du bas ; c’est pourquoi son bord supérieur est peint en rouge à ce moment-là. Il est également indispensable d’identifier le mantra dont il est question : une étiquette est collée à cet effet sur le dessus du rouleau.
Enfin, pour parer le rouleau de ses plus beaux atours, on l’habille d’un tissu jaune (la couleur n’est évidemment pas anodine : on peut deviner ici la référence aux robes du Bouddha et du sangha) qui ne recouvre cependant pas le dessus ni le dessous, puis on l’entoure de fils de laine des cinq couleurs représentant les cinq sagesses éveillées (vert, jaune, bleu, rouge et blanc).
Ce sont donc ces étapes que les participants aux ateliers de fabrication de rouleaux de mantras ont dû suivre, à mi-chemin entre sérieux et détente. Car il n’est pas question ici d’une activité ordinaire mais d’une pratique à part entière. C’est, par exemple, l’occasion de murmurer des mantras, ou encore de réfléchir à l’enseignement du Bouddha et, pourquoi pas, d’en partager sa compréhension avec les autres. Au-delà de la fabrication des rouleaux, les ateliers ont été un point de rencontre entre participants de tous âges et, parfois, le point de départ de la découverte d’un lieu encore inconnu pour certains d’entre eux. Chacun a pu ainsi s’associer à ce beau projet qu’est la construction du nouveau stoupa de Dhagpo.
Au terme de ce nouveau chapitre de l’aventure, ce sont 1000 grands rouleaux et 1000 petits qui ont été confectionnés par tous. Ils sont à présent stockés dans le fonds documentaire de la bibliothèque de Dhagpo, attendant le moment – proche – où ils pourront accomplir leur œuvre au sein du stoupa.
Si vous souhaitez prendre part au projet du stoupa en faisant des offrandes ou en apportant votre aide, n’hésitez pas à nous contacter : stupa@dhagpo.org. Vous pouvez aussi offrir un ou plusieurs rouleaux de mantras ou encore des tsatsas, toutes les informations se trouvent sur la page Participez !
À noter : Les ateliers de fabrication de rouleaux de mantras vous intéressent ? Sachez que devant l’engouement suscité par ces ateliers,des retraites sont maintenant organisées autour de cette activité à Kundreul Ling. Il reste en effet de nombreux rouleaux à fabriquer, que ce soit pour les statues du grand temple du Bost ou pour celle du petit temple de Dhagpo que lama Jigmé Rinpoché a récemment commandée. Ces retraites font alterner sessions de pratique et activité au sein de ces ateliers. Si vous souhaitez vous y inscrire, veuillez prendre contact avec Ouangtchouk : ktl.statue@dhagpo-kagyu.org.
Ateliers de mantras à Kundreul Ling
Notes
(1) ↑ Parmi eux, Dhagpo Limoges, Albi, Belvis, Nantes, Poitiers, La Rochelle, Niort, etc. (liste non exhaustive). Par ailleurs, si vous avez pris des photos des ateliers mantras dans vos KTT, n’hésitez pas à nous les envoyer afin qu’elles soient publiées sur ce site : relations.donateurs@dhagpo.org !
(2) ↑ Cf. Shamar Rinpoché, Un Cygne doré dans des eaux tourmentées, la vie et l’époque du 10 e Karmapa, Chöying Dorjé, Rabsel éditions, La Remuée, 2014, p. 306.